Stratégie et OKR : la théorie de l'œuf ou la poule ?
- Juliette Lorentz
- 3 mars
- 5 min de lecture
Dernière mise à jour : 3 mars

Vaut-il mieux avoir une stratégie avant de se lancer avec des OKR ? Ou peut-on se lancer avec des OKR puis définir sa stratégie ?
Cette question revient souvent dans le monde des OKR. Si l’on en croit les grands pontes du domaine, la réponse est claire : sans stratégie, vos OKR n’iront pas très loin.
Pourtant, mon expérience me montre qu’il y a une autre voie. Une approche plus nuancée, qui dépend des réalités de chaque organisation. Et comme un peu de nuance dans ce monde de brutes ne fait jamais de mal, voici mon point de vue ! 🙂
Dans cet article, nous verrons :
Pourquoi il est préférable de commencer par la stratégie
Pourquoi il est tout à fait possible de faire différemment, avec ses contraintes et un exemple concret
Pourquoi est-il préférable de commencer par la stratégie ?
Tout bon coach ayant fait sa B.A.-BA de méthodo vous le dira : vous avez besoin de savoir où vous allez, et c’est précisément le rôle de la stratégie.
Concrètement, les OKR sont un Framework qui vous aide à traduire une stratégie en objectifs pilotables et déclinables dans une organisation. Un super Dashboard stratégique facilitant l’atteinte de vos priorités.
Il va donc de soi que si vous ne savez pas vraiment où vous allez, vous risquez d’avoir des objectifs pilotables certes, mais sans garantie d’alignement.
Bref, comme le disait Sénèque il y a plus de 2000 ans :
« Il n’est pas de vent favorable pour celui qui ne sait pas où il va. »
Mais… il y a un hic.
Tout le monde n’a pas la même définition d’une « bonne » stratégie. Ce que vous appelez « stratégie » ne l’est peut-être pas aux yeux d’un coach OKR.
Car si les OKR sont géniaux pour traduire une stratégie, ils sont surtout parfaits pour transformer une vision à 3 ou 5 ans en objectifs concrets à moyen et court terme. Et en matière de vision, il existe mille façons de procéder.
Dans l’approche OKR, on vise une vision synthétique, percutante et simple à retenir, comme un bon refrain de hit de l'été.
Mini conclusion :
Avoir une stratégie avant de se lancer avec les OKR, c’est clairement mieux.
Cela permet :
✅ Un alignement réel avec la destination visée
✅ Une transformation plus rapide grâce à une cohérence accrue du discours managérial
✅ Une transformation qui fait sens et suscite un meilleur engagement
Mais attention :
⚠️ Votre vision doit être claire, inspirante et accessible (un bon storytelling à l’américaine !)
⚠️ Votre stratégie ne doit pas être une liste de projets stratégiques à la Prévert
⚠️ Votre approche doit être orientée impact, pas projet, et ce n’est que rarement le cas
Comment commencer par les OKR (sans stratégie) ?
Soyons honnêtes : dans la plupart des grandes entreprises, la stratégie existe sur le papier, mais elle n’est pas le fil d’Ariane qui guide réellement l’opérationnel.
Dans les organisations que j’ai accompagnées, les éléments stratégiques étaient présents mais ni assez clairs, ni assez partagés pour servir de boussole.
Et cela ne m’a jamais empêchée de travailler sur l’implémentation des OKR. Pourquoi ?
Parce que l’enjeu n'était pas seulement d’atteindre la stratégie, mais de faire évoluer la culture vers l’impact
Parce que les équipes étaient submergées par des demandes incessantes sans savoir prioriser
Parce que même avec une stratégie solide, il manquait souvent une vraie culture du pilotage et de l’autonomie
Et certaines entreprises ont brillamment réussi leur transition en partant des OKR avant de formaliser leur stratégie. C’est le cas de Trimble.
Le cas de Trimble : une stratégie construite en marchant
Quelle bonne surprise j’ai eu quand à l’OKR Forum International (2025), l’entreprise Trimble vient nous expliquer qu’en 6 ans, ils sont passés à des OKR opérationnels éparpillés à des OKR stratégiques qui bétonnent !
Alors comment ont-ils fait ?
Année 1 : Un lancement à tâtons
Comme une grande majorité, ils lancent l’initiative OKR. L’implémentent sans grande organisation aux équipes opérationnelles. Résultat éparpillé mais grande source d’apprentissage pour la suite.
Année 2 : Apprentissages et formation
Après avoir appris de leur lancement, l’organisation d’une cellule de change se met en place, les premières formations au Framework débarquent.
Année 3 : L’expansion
Après avoir commencé la “professionnalisation” de leur programme, ils décident d’étendre l’implémentation d’OKR très largement dans leur organisation. Eh oui, pas bête la guêpe, ils y sont allés step by step pour limiter les dégâts. Et la bonne nouvelle c’est qu’ils étaient devenus bien plus efficients dans l’implémentation.
Année 4 : Allers - retours
Entre avancements et retours en arrière cette 4ème année a été charnière pour déterminer ce fameux besoin de stratégie. Et pour être vraiment des bad-ass de la transfo OKR, ils ont certifié 115 coachs en interne ! Un record à mettre dans le Guiness des transfos !
Année 5 : Retour vers la stratégie
Conscients du manque de stratégie (oui maintenant ils l’avaient bien identifié et le besoin se faisait ressentir) ils ont retravaillé avec tout le Comex ce qui allait devenir leur stratégie. Ils n’en ont pas parlé dans leur retour d’expérience mais à mon avis ça n’a pas dû être une mince affaire !
Année 6 : Des OKR alignés sur la stratégie
Une vision est des “big rocks” triés sur le volet et paf, ils ont su définir des OKR stratégiques qui reflétaient les enjeux stratégiques de la boîte, déclinables dans l’orga. Et la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y avait plus besoin de présenter les OKR, tout le monde travaillait déjà avec. Année 7 : Un programme stratégie qui dépile Autant vous dire qu’à ce stade, ils avaient passé la ceinture noire de l’alignement stratégique tout en gardant l’humilité d’être conscients qu’ils auraient encore bien d’autres apprentissages à venir.
Conclusion
Faut-il une stratégie avant de se lancer avec les OKR ? Idéalement, oui.
Mais attendre d’avoir une stratégie parfaite, c’est prendre le risque de ne jamais se lancer.
Voyez plutôt cela comme un jeu, comme le golf où le “handicap” détermine votre catégorie d’adversaire. Eh oui, vous seriez vite dégoûté si vous deviez jouer contre Tiger Woods pour votre 1er parcours… Et pour être productif, il vaut mieux se comparer à des adversaires à armes égales car, ce qui compte en transfo, c’est d’avancer.
Si vous commencez les OKR sans stratégie, vous aurez certe des scores de débutant. Mais c’est un passage obligé. Jean-Claude Van Damme a commencé les arts martiaux à 10 ans, et il ne s’est pas arrêté à sa ceinture blanche… Non, il a persévérer jusqu’à devenir un champion dans sa catégorie !
Acceptez que votre transformation prenne du temps et de l’énergie. Assurez-vous chaque année de passer au niveau supérieur. C’est ainsi que vous ferez évoluer votre culture et vos pratiques. Pour le meilleur !
Alors, vous attendez quoi pour vous lancer ?

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